Cet été, le réalisateur Christophe Honoré mettra en scène Così fan tutte de Mozart au Festival d’Aix-en-Provence. L’occasion idéale pour (re)découvrir cette œuvre toujours dans l’air du temps.

Les femmes sont-elles toutes les mêmes ? C’est ce que semble vouloir affirmer Mozart à travers son opéra Così fan tutte (littéralement « comme elles le font toutes »). L’œuvre est l’un des piliers de la programmation du Festival d’Aix pour sa 68ème édition. Dirigé par Louis Langrée et Jérémie Rhorer et mis en scène par le cinéaste Christophe Honoré, Così fan tutte ouvrira les festivités le 30 juin prochain. Ses notes résonneront au cœur de l’Archevêché à l’occasion de huit autres représentations courant juillet.

Così fan tutte s’inscrit dans le sillon des deux précédentes collaborations entre le compositeur et Lorenzo Da Ponte, poète et librettiste italien réfugié à Vienne : Les Noces de Figaro et Don Giovani. Les artistes se jouent, au travers des deux actes, de la fidélité des femmes. Commandée par Joseph II pour le Burgtheater, l’œuvre a été très applaudie en cette fin du XVIIIème siècle, d’autant qu’elle serait inspirée d’un incident réel dont on parlait beaucoup à Vienne à l’époque. Deux jeunes hommes, Guglielmo et Ferrando, sûrs de la fidélité des deux sœurs à qui ils sont fiancés, font un pari avec Don Alfonso, vieux célibataire qui ne donne pas cher de la fidélité féminine. Afin de lui prouver le contraire, ils font mine de partir à la guerre, reviennent déguisés en étrangers et, sous ces fausses identités, courtisent chacun la fiancée de l’autre. Les deux belles ne résistent pas longtemps à leurs avances, mais au moment du mariage, les jeunes gens disparaissent pour aller revêtir leur uniforme et reviennent confondre les sœurs inconstantes.

« La constance des femmes
Est comme le phénix d’Arabie : Qu’elle existe, chacun le dit ;
où la trouver, personne ne le sait ! »
Così fan tutte, Don Alfonso, acte 1, scène 1.

Cet opera buffa (soit, opéra bouffe-en-rire) respecte tous les codes du genre. La composition se fait bien en deux actes, et Da Ponte a poussé la symétrie à son paroxysme en mettant en scène trois femmes et trois hommes, soit trois couples. La situation de ce huis clos se prête également à toutes les combinaisons. Ainsi, Mozart a fait succéder avec malice des duos, trios, sextuors… Outre ces aspects techniques, Così fan tutte est un enchaînement d’émotions qui se font et se défont : l’adieu, la séduction, l’amour, l’oubli. L’apparente légèreté de l’œuvre laisse peu à peu place à la gravité, et l’insouciance des personnages se dissipe au fil des scènes. Pour cela, les deux artistes reprennent les thèmes du travestissement, de la farce, de l’inconstance et de la manipulation, souvent présents dans l’opéra mozartien. Ainsi, dans Così fan tutte, le sentimentalisme est vivement combattu et Mozart semble confirmer le vieil adage: « Loin des yeux, loin du cœur ».

« Je vous ai trompées, mais la tromperie fut
Une ‘détromperie’ pour vos amants
Qui seront désormais plus sages »
Così fan tutte, Lorenzo Da Ponte, acte II, finale (1790).

Concours de création vidéo :

Le Festival d’Aix lance un concours de création vidéo ouvert à tous. Avec un objectif : susciter en moins d’une minute trente le désir de découvrir Così fan tutte. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 30 avril. Le lauréat du concours, choisi par un jury de professionnels du monde de l’art et du cinéma, et par Christophe Honoré en personne, recevra un prix de 1 000 €, deux places pour la répétition générale de la production et son film bénéficiera d’une visibilité importante.
http://festival-aix.com/fr/blog/actualite/concours-de-creation-video-cosi-fan-tutte

Célia Cazale