Le lieu est sans prétention, niché rue des Bretons, dans le centre-ville aixois. En passant devant, on croirait à peine qu’il s’agit d’un café-théâtre. « Ce lieu a une histoire particulière et assez floue, raconte d’un ton enjoué Julien Sigalas, co-gérant du Flibustier (avec Julie Krief). Dans les années 80, c’était un club de jazz et une boîte de nuit. Avant, on m’a même raconté que c’était un bordel… La rue des Bretons était la rue des prostituées pendant la guerre. »

Une légère odeur d’humidité émerge de la pièce qui sert d’entrée, de guichet, et de salle d’attente pour le public. Ici, faute de budget, tout est rationalisé pour économiser au maximum le temps et les dépenses. En effet, ce café-théâtre est totalement indépendant financièrement : il ne reçoit aucune subvention de la ville ou de l’État.  » Elles sont réservées aux théâtres de recherche, qui reçoivent généralement bien moins de public. On peut donc considérer que cette mesure est légitime », explique Julien. Ainsi, les pièces jouées ici réunissent rarement plus de trois acteurs dans la salle de spectacle exiguë, où l’on compte une soixantaine de fauteuils rouges. Les représentations ont lieu au sous-sol, dans une cave voûtée aux murs en pierre, à l’aixoise. Dès qu’on s’y retrouve, on est tout de suite plongés dans l’ambiance conviviale d’un théâtre. Un petit budget n’est donc pas synonyme d’inconfort !

« Je ne pourrai pas m’éterniser après le spectacle, la nounou nous attend… »

Julien est d’ailleurs l’exemple même de ce système D : il occupe les postes de co-gérant, acteur, metteur en scène et auteur des pièces dans lesquelles il joue parfois. Une énorme dose de travail dont l’homme de 37 ans ne se plaint pas. « C’est mon métier ! » affirme-t-il avec fierté. Il a même adopté un régime drastique digne d’un sportif professionnel pour tenir le rythme : sommeil régulier, nourriture surveillée, pas de sorties excessives… Le tout avec une vie de famille à mener. Julien partage depuis plusieurs années sa vie avec Irina, joli brin de femme d’origine bulgare. Ils forment un couple à la ville comme à la scène, partageant l’affiche notamment dans la pièce « La Guerre des Tongs », qu’ils jouent actuellement. « Je ne pourrai pas m’éterniser après le spectacle, la nounou nous attend… » confie-t-il, illustrant ainsi la difficulté de mener de front tant de projets.

Un style populaire assumé 

Car les activités de cet artiste bouillonnant ne se limitent pas au petit théâtre du Flibustier. En 2014, lui et son associée Julie Krief ont ouvert une salle à Grenoble, qui fonctionne très bien selon leurs dires, ainsi qu’une autre à Saint-Étienne, d’une capacité de 120 places. 120 places, s’agit-il encore d’un café-théâtre, ou le préfixe est-il de trop ? « C’est une excellente question. Café-théâtre, ça veut tout et rien dire, personne n’a jamais eu de définition précise, souligne le comédien. Les gens ont l’image d’un endroit où l’on assiste à un spectacle en étant à table, mais ça c’est du cabaret. Nous, on n’a pas de service de restauration, on sert juste du café, donc bon…« . En somme, ce qui importe est plus le style des pièces jouées dans ce type d’endroit : des comédies populaires qui tournent autour du mariage, du couple, du sexe… Du divertissement comme on l’aime !

 Xavier Ponroy 

 

On a vu… « La Guerre des tongs »

Histoire de la pièce :

Julien Sigalas et Irina Gueorguiev, acteurs de « La Guerre des tongs »

Il est bien connu que la rue est un lieu de rencontres : Julien Sigalas a entamé sa carrière en jouant de la guitare dans la rue, Irina Gueorguiev a débuté dans une troupe de théâtre de rue. Aujourd’hui, ils sont tous les deux acteurs de « La Guerre des Tongs », jouée en moment au théâtre du Flibustier. Julien Sigalas est aussi co-auteur et metteur en scène de cette « création d’été » comme il l’appelle. La pièce, qui dure environ une heure, a été jouée pour la première fois à Aix-en-Provence en août 2015, puis les représentations se sont enchaînées dans les villes alentours. Actuellement, les deux comédiens autodidactes la rejouent dans la ville aux milles fontaines avant d’aller donner des représentations à la Rochelle, à partir du 7 février 2017.

 Résumé de la pièce :

« La Guerre des tongs » : humour et amour garantis

Le 24 janvier au soir, Julien Sigalas et Irina Gueorguiev embarquaient le public du Flibustier dans la comédie populaire « La Guerre des tongs ». Cette comédie, c’est quoi ? Ce sont deux adultes mariés, Liliana et Léopold, entre lesquels plus rien ne va. Engueulades, disputes quotidiennes : le couple est au bord de la rupture. Si chacun consulte un thérapeute de son côté, aucun n’ose l’avouer à l’autre. C’est donc sur conseil de leurs thérapeutes secrets et de leurs amis qu’ils décident de partir en vacances, car des vacances reposantes leur permettront peut-être de se retrouver ? Seulement … il faut que chacun fournisse des efforts, ce qui est loin d’être le cas ! Piques, insultes, lancers de tongs, ainsi qu’un brin de tendresse seront-au rendez-vous. Laissez-vous embarquer dans la vie mouvementée de ce couple et d’autres personnages, tous plus « déglingos » les uns que les autres. Rire garantis dans une ambiance … détendue ?

 

Élise Viguié